Ô bohémienne
Sous un platane
Au bord du champ,
Vibre le chant
D'une gitane.
Au son d'un tambourin
Bruissant entre tes mains,
Rêve, ô belle tsigane !
Ô bohémienne,
Aux longs cheveux
Brillants, soyeux,
D'un noir d'ébène,
Que regardent tes yeux
D'un bleu si lumineux
Dans cette sombre plaine ?
Lueur intime
Baignée d'accents
Purs et poignants,
Qui donc anime
Sous le soleil couchant
Ce rossignol chantant,
Artiste si sublime ?
Douce colombe,
Voici la nuit,
L'éclair qui luit,
La pluie qui tombe…
Entends mugir le vent
Roulant et soulevant
Des tas de feuilles en trombes.
Belle brunette,
Entends raison,
Vois ma maison
Sur la dunette :
Viens chanter sous mon toit,
Je veillerai sur toi :
Tu seras ma soeurette.
Mais je devine
A ton regard
Plein de cafard
Que la colline
T'attire vers l'ailleurs
Alors, pleure mon coeur
L'apparition divine.